L’hôpital de Juvisy : comment ne respecter aucune promesse

En pleine crise sanitaire, l’État avec la complicité passive de la majorité municipale désinvestit dans notre santé en ayant le projet, pour un seul bénéfice comptable, de fermer l’hôpital et d’en vendre les terrains et les bâtiments à un groupe privé. L’AJUV partage quatre constats : on nous ment, on ne nous consulte pas, on fragilise notre capacité à rester en bonne santé et on accroit les inégalités sociales.

On nous ment. En 2018, suite au mouvement des gilets jaunes, le président de la République annonçait accorder une priorité aux hôpitaux de proximité, confirmait en 2019 qu’il n’y aurait « plus de fermeture d’hôpital jusqu’à la fin du quinquennat, sauf demande des maires », promettait un « plan
massif » pour l’hôpital public en 2020, au début du premier confinement, période où on applaudissait les soignants, qui le méritaient bien mais qui auraient préféré qu’on respecte les promesses faites alors. Par la suite, le ministre de la santé enfonçait le clou en déclarant que le « dogme de la réduction des lits était terminé ». Voici les beaux discours, venons-en aux faits : en fin d’année 2020, notre hôpital ferme son service de médecine et de soins palliatifs. Pas besoin de plus de commentaires.

On ne nous consulte pas. Ici aussi, un gouffre entre les mots et les faits. Créées en 2010, les agences régionales de santé (ARS) devaient permettre de développer une vision globale de la santé et de décloisonner les parcours de santé, tout en assurant qualité, efficience et sécurité de la prise en charge et de l’accompagnement dans le système de santé. Au cœur de ses principes, conformément à la loi, l’ARS met en avant la démocratie sanitaire qui vise à associer l’ensemble des acteurs de santé pour élaborer et mettre en œuvre la politique de santé, dans un esprit de dialogue et de concertation.
Alors on peut s’interroger : la population est-elle un acteur de santé pris en compte par l’ARS ? Y-a-t-il eu consultation de la population directement concernée sur le projet de fermeture de l’hôpital ? Y-a-t-il eu recensement des besoins de santé en interrogeant les personnes concernées avant l’élaboration du projet du Grand Hôpital Nord Essonne ? La mairie a-t-elle pris l’initiative d’une large consultation de sa population, en concertation
avec les communes voisines, sur le devenir de l’hôpital ? Les réponses sont les suivantes non, non, non et non.

On fragilise notre capacité à rester en bonne santé. Tout le monde peut s’accorder sur la nécessité de développer des pôles d’excellence pour les soins les plus complexes. Mais le maintien en bonne santé d’une population nécessite aussi des soins moins techniques, qui puissent être délivrés à proximité du patient ou de son entourage en complément et articulation avec la médecine de ville. C’est à ce besoin que devrait répondre un hôpital de proximité, desservant un bassin de population de plus de 200000 habitants. Un hôpital de proximité qui, au-delà du maintien d’un service des urgences et d’une maison médicale de garde, devrait disposer de lits d’hospitalisation et de soins de suite, lui permettant de continuer à assurer des opérations médicales de base ainsi que le suivi des maladies chroniques et l’accompagnement des maladies liées au vieillissement et comporter un service de soins palliatifs. Pour une population vieillissante, la capacité de rester en bonne santé repose aussi sur la possibilité du maintien à domicile et le maintien des liens avec l’entourage. Là aussi, un hôpital de proximité est essentiel. La meilleure illustration du manque de vision globale du projet technocratique du GHNE est la fermeture du service de soins palliatifs. Il faut vraiment rester enfermé dans son bureau pour ignorer la richesse et les services rendus par un tel équipement.

On accroit les inégalités sociales. Ne pas donner les moyens qui lui sont nécessaires à l’hôpital public et privilégier le recours au privé accroît les inégalités sociales et fragilise l’accès aux soins pour certaines populations. Juvisy en est la triste illustration. Avec la disparition de notre hôpital public, il ne nous reste comme horizon en établissements de soins que des cliniques ou hôpitaux privés qui eux investissent et se modernisent : Athis-Mons, Viry-Châtillon, Ris-Orangis, Évry, Longjumeau. Comme beaucoup de Juvisiens ont pu en faire l’expérience, on peut y trouver la qualité et même parfois des délais de prise en charge plus courts mais, revers de la médaille, avec presque systématiquement des dépassements d’honoraires. Quand on a une mutuelle et des moyens financiers confortables, on peut y faire face mais c’est loin d’être le cas de tout le monde. Alors, pour les autres, il leur reste toujours la possibilité de renoncer aux soins, ou de les retarder. Le projet de santé pour notre territoire, c’est une médecine à deux vitesses. Il est temps de conclure.

L’AJUV ne renoncera pas et continuera à soutenir, avec les personnels hospitaliers, l’exigence d’un hôpital de proximité et dénoncer le projet en cours.

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