Pidoux de la Maduère Urbaniste ? Parlons-en

Robin Reda, nouveau maire de Juvisy, lors de son discours d’installation le 29 mars 2014, a consacré un long développement à l’un de ses prédécesseurs, Xavier Pidoux de la Maduère, maire de Juvisy de 1947-1971, mort en 1977. Robin Reda, né en 1992, se place dans son sillage au seuil de ce mandat et en fait son « inspirateur ».

Citons le : « Permettez-moi néanmoins d’avoir une pensée particulière pour une personnalité particulière, qui a porté mes valeurs à la présidence de ce Conseil Municipal entre 1947 et 1971, Monsieur le Sénateur-Maire Xavier Pidoux de la Maduère. Je veux saluer celui qui a considérablement modernisé et développé notre ville, qui a fait construire le marché couvert et la salle des fêtes où nous nous rassemblons aujourd’hui. Je m’attarde aussi sur son action pour l’éducation, le sport, le logement accessible ainsi que pour le développement des services publics comme notre bureau de Poste dont nous voulons qu’il demeure un service central dans notre ville. Si ces longues années passées à servir notre belle ville de Juvisy a valu à Xavier Pidoux de la Maduère d’être décoré de la Légion d’honneur, la mesquinerie de ces successeurs l’ont privé de tout hommage local. Je veux dire à ses descendants, et particulièrement à son arrière petit-neveu, Jean Pidoux, présent ce matin, que le nom de son aïeul aura sa place dans notre ville. »

Les choses vont vite car dans l’attente de sa « place », Xavier Pidoux de la Maduère a déjà depuis quelques semaines sa « salle » à l’entrée de la rue piétonne.

Au moment où la Municipalité dans une démarche légitime lance la révision du PLU (Plan Local d’Urbanisme), présenté comme l’outil qui « permettra la plus grande transformation de Juvisy depuis la reconstruction des années 1950 », il est utile de rappeler ce que fut l’œuvre de Xavier Pidoux de la Maduère sous le patronage duquel Robin Reda se place.

Comme beaucoup de maires de villes dramatiquement et gravement sinistrées lors de la guerre de 39-45, Xavier Pidoux de la Maduère fut maire d’abord dans les années d’après-guerre dans la période dite de la « Reconstruction » : cette opération d’envergure nationale bénéficiait du très généreux plan Marshall américain et était conduit de manière très directive et autoritaire par le fameux MRU (Ministère de la Reconstruction et d’ Urbanisme) à une époque d’ailleurs où la Ville de Juvisy ne disposait ni de service d’urbanisme digne de ce nom ni de services techniques compétents et à la hauteur de la tâche.

On peut imaginer toutefois que Xavier Pidoux de la Maduère a su peser de tout son poids (il fut sénateur de Seine et Oise de 1951 à1959) pour ce que, sans doute, il considérait comme l’usage le plus pertinent des fonds substantiels disponibles : puisque le Marché couvert, la Poste, les services municipaux avaient été détruits en totalité ou partiellement (le bâtiment principal de la Poste a été construit avant la guerre et n’a pas été touché par les bombardements), on reconstruirait souvent en plus grand, l’argent aidant, un nouveau marché, de nouveaux services administratifs.

Ce fut aussi sous son mandat que pour l’essentiel l’enfouissement de l’Orge fut réalisé. Quand le Maire reprend aujourd’hui le projet de l’équipe municipale précédente de faire « ressurgir » l’Orge et de remplacer le parc de stationnement Leclerc par un parc souterrain, il défait ce qu’à tort ou à raison Xavier Pidoux de la Maduère avait fait ou laisser faire à l’époque.

Bref, Xavier Pidoux de la Maduère ne fut à ce moment-là ni constructeur, pas même reconstructeur : il fut maire à l’ « époque de la Reconstruction » !

Mais passée cette période, ses initiatives, quand il est vraiment maître du jeu, sont sujettes à débat. Le tableau devient moins brillant. Deux exemples :
-comment qualifier les opérations immobilières des quais de Seine qui ont aligné des immeubles de qualité architecturale discutable et entassé des populations, sans que soient vraiment pris en compte les besoins d’équipements collectifs ? Dans le même ordre d’idées, il a fallu attendre des années sur le Plateau avant qu’en sus d’une antenne de la Poste apparaissent des équipements publics rendus plus nécessaires par la construction plutôt heureuse des HLM de qualité du quartier Sarrault.

En avril 2015 lors du lancement de la révision du PLU, l’adjointe au maire chargée des travaux se donnait pour objectif louable mais difficile de rendre les « parcs de la mairie » plus accessibles. Sait-elle que, si en 1971 l’équipe municipale dont Xavier Pidoux de la Maduère faisait encore partie avait été élue, son projet n’aurait aujourd’hui aucune raison d’être car il n’y aurait plus de « parcs de la mairie » ? L’équipe sortante avait en fait rendu le parc Ducastel disponible pour un hôpital et viabilisé un lotissement sur le parc aux Oiseaux. Ces espaces verts, cette « pépite », mot qui fait désormais partie du dictionnaire de base du nouveau maire, auraient disparu.

Comme la municipalité précédente, l’équipe de Robin Réda va devoir consacrer une partie de son énergie à combler les oublis, parfois même à corriger les fautes de Xavier Pidoux de la Maduère, qui s’il fut maire de l’époque de la Reconstruction ne fut pas vraiment l’artisan d’un urbanisme « harmonieux », mot si cher là encore à la nouvelle équipe !

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